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جواهر ستار التعليمية :: قسم البحوث :: منتدى الطلبات والبحوث الدراسية |
الأحد 15 نوفمبر - 21:36:05 | المشاركة رقم: | |||||||
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| موضوع: الفرق بين Gradualisme و désiquilibre ponctuée الفرق بين Gradualisme و désiquilibre ponctuée Des aménagements à la théorie synthétique La théorie darwinienne repose sur quelques principes : variabilité génétique, sélection naturelle, fixation des mutations sélectionnées, évolution progressive par effet cumulatif de ces mutations. Mais des chercheurs semblent avoir parfois découvert des mécanismes qui n'obéissent pas aux principes darwiniens classiques ; l'évolution saltatoire et l'évolution moléculaire neutre en font partie. 4.3.1 - L'évolution saltatoire La macro-évolution de Richard GOLDSCHMIDT - Les arguments Les Chauves-souris et les Baleines sont apparues à l'Éocène voici 50 Ma. Toutes deux représentent des types adaptatifs entièrement nouveaux dans la classe des Mammifères. Leurs ancêtres, qui devaient pourtant figurer parmi les Mammifères placentaires, apparus 10 Ma seulement avant les premières Chauves-souris et Baleines, sont demeurés longtemps énigmatiques : on connaît aujourd'hui des formes intermédiaires entre les Baleines et une famille d'Artiodactyles, ces derniers comprennent, par exemple, les Mammifères ruminants et les Suiformes. Cependant, les transformations morphologiques considérables de ces espèces par rapport au plan d'organisation des Mammifères terrestres auraient demandé plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de millions d'années pour s'accomplir, en admettant les processus de l'évolution graduelle classique de type darwinien. Or 10 Ma ont suffi à l'accomplissement de ces modifications de grande ampleur. Ces deux exemples illustrent le passage irrésolu d'un taxon vers les taxons supérieurs. Le généticien Richard GOLDSCHMIDT (1878-1958) qualifie ces brusques apparitions de formes nouvelles de macro-évolutives et il les oppose aux phénomènes microévolutifs caractéristiques de l'évolution phylétique. La micro-évolution concerne la formation des sous-espèces et l'évolution des espèces ; elle s'appuie sur les arguments darwiniens. La macro-évolution s'occupe uniquement de la formation des unités taxinomiques supérieures à l'espèce : les genres, les familles, les ordres... R. GOLDSCHMIDT expose dans son livre The Material Basis of Evolution (« Les Fondements matériels de l'évolution », 1940) des conceptions peu orthodoxes : les races et les sous-espèces ne sont pas des espèces naissantes, la spéciation est 28 brusque et l'évolution ne serait pas graduelle mais saltatoire, la sélection naturelle ne joue aucun rôle dans la spéciation et surtout pas dans la formation des taxons supérieurs à l'espèce. Les seules données utilisables pour l'étude de la macroévolution sont les documents fossiles, dont les paléontologues soulignent l'importance puisque ce sont les uniques témoins objectifs des phénomènes évolutifs de grande ampleur. Des mutations dites systémiques seraient responsables de l'évolution en donnant soudainement naissance à des mutants : les monstres prometteurs (the hopeful monsters). D'après les études et les descriptions de R. GOLDSCHMIDT, on pense que ces mutations affectent sans doute les gènes de régulation homéotiques, car ils donnent quelquefois naissance à des formes monstrueuses. - Les critiques Sa conception de l'évolution l'oblige à envisager seulement une évolution saltatoire. Comme elle s'applique à quelques cas, elle ne peut prétendre constituer, à elle seule, une théorie de l'évolution. Elle repose sur des arguments génétiques encore très vagues des années 1930, sur quelques exemples qui manquent de consistance scientifique et sur des formes monstrueuses presque toujours non viables. Les arguments macro-évolutifs, obligatoirement paléontologiques, relèvent du miracle pour trois raisons : la fossilisation est naturellement un événement peu fréquent ; la fossilisation des monstres prometteurs peu nombreux doit être exceptionnelle car ils ont plus de chance de disparaître sans laisser de traces ; enfin la découverte de ces mutants fossiles demeure improbable. Cette théorie, quasiment impossible à démontrer, est donc rapidement tombée en désuétude, mais si l'origine de la macroévolution n'est pas élucidée, le phénomène demeure. Actuellement, les mutations homéotiques, beaucoup mieux connues, sont à l'origine d'idées parfois comparables à celles de R. GOLDSCHMIDT. Paléontologue, très proche des conceptions darwiniennes, G. SIMPSON conçoit une évolution accélérée qu'il appelle « évolution quantique ». L'évolution quantique de George Gaylord SIMPSON À côté des séries fossiles progressives témoins d'une évolution classique, il en existe certaines qui plaident en faveur d'un autre type d'évolution. On observe, en effet, que des espèces stables pendant de longues périodes donnent lieu à des spéciations très rapides : le passage d'une espèce à plusieurs autres se réalise sans formes intermédiaires ; il y a une sorte de saut évolutif, le quantum, qui semble 29 conduire directement des ancêtres aux descendants. Vers les années 1940, le nombre de ces séries reconnues exclut l'argument des « lacunes stratigraphiques » ; il s'agit donc bien d'un phénomène évolutif accéléré. G. SIMPSON évite le terme d'évolution saltatoire en le remplaçant par celui d'évolution quantique. Il pense que les petites populations sont principalement affectées par ce type d'évolution lorsqu'elles se trouvent en déséquilibre avec leur milieu à la suite d'un bouleversement écologique ou d'une migration. L'établissement d'un nouvel équilibre se manifeste alors par une spéciation rapide, un quantum évolutif. G. SIMPSON n'est pas loin des idées de E. MAYR quand ce dernier proposera une interprétation génétique en établissant, en 1954, le concept de révolution génétique. L'explication génétique de G. SIMPSON reste classique et ne s'éloigne pas du modèle néo-darwinien : la rapidité de la spéciation lors du quantum provient d'une accélération du taux des mutations. Leur effet s'accumule immédiatement et provoque la brusque apparition de formes nouvelles ; il n'y a donc là qu'une micro-évolution classique dont le rythme est très rapide. Mais lorsque, selon G. SIMPSON, l'évolution quantique conduit parfois à des taxons supragénériques (ordre, classe...), elle peut être alors assimilée à la macro-évolution, qui ne semble pas obéir au modèle darwinien. Le concept d'évolution quantique est sans doute tombé en désuétude parce que, à cette époque, G. SIMPSON ne disposait pas encore des connaissances génétiques qui ont été acquises plus tard. Il n'a pas envisagé d'autre solution que celle d'une accélération des mutations, alors qu'il existe plusieurs alternatives que vont utiliser Niles ELDREDGE et Stephen Jay GOULD en proposant leur modèle des équilibres ponctués. Le ponctualisme de Niles ELDREDGE et de Stephen Jay GOULD - Naissance et contenus de la théorie des équilibres ponctués Décrié par les uns, considéré par les autres comme une découverte fondamentale, ce modèle prend naissance en 1971, à partir des travaux de N. ELDREDGE. Ce paléontologue est parti de l'observation d'une lignée de Trilobites du genre Phacops, dans laquelle les variations du nombre de rangées d'ocelles sont discontinues ; cela n'est pas a priori surprenant, car le caractère étudié est, lui-même, discontinu. Il pense que l'absence de fossiles intermédiaires dans les séries fossiles ne résulte pas toujours de lacunes documentaires, mais bien d'une évolution saltatoire. L'étude des variations de 13 lignées de Gastéropodes du lac Turkana (Kenya), 30 réalisées plus tard par P. WILLIAMSON (1981 et 1983), fournit un autre argument en faveur d'une évolution saltatoire. Celui-ci a suivi chez 3 300 individus les variations de parfois 24 caractères. P. WILLIAMSON observe chez les différentes espèces de Gastéropodes, qui ont vécu vers la fin du Tertiaire (5 Ma) et au début du Quaternaire (1 Ma), de longues périodes de stabilité, suivies d'épisodes brefs d'évolution rapide de 5 000 à 50 000 ans. Ces ponctuations, qui affectent toutes les espèces, correspondent à des régressions dont les baisses de niveau des eaux fractionnent le lac en « îles ». P. WILLIAMSON pense que ces « îles » écologiques ont abrité de petites populations, isolées génétiquement de la population mère, qui ont rapidement divergé : le faible effectif des populations pionnières favoriserait leur divergence génétique. N. ELDREDGE et S. GOULD ont proposé dans un article intitulé : Punctuated Equilibria : an alternative to phyletic gradualism » (« Les équilibres ponctués : une alternative au gradualisme phylétique », 1972) un modèle d'évolution dit des « équilibres ponctués » qui s'appuie sur deux observations principales : - la présence de discontinuités entre les espèces dans les archives paléontologiques, - la stabilité morphologique de certaines espèces pendant des millions d'années. D'après les documents paléontologiques, certaines lignées apparaissent soudainement : c'est la ponctuation, et elles présentent très rapidement de nombreuses variations morphologiques : c'est la radiation adaptative, puis elles demeurent stables sur une longue période de temps qui représente la stase évolutive. Stases et ponctuations prouvent que l'évolution ne se déroule pas à vitesse constante ; chaque phase comporte des phénomènes particuliers. Une des conséquences de leur alternance serait un découplage total entre la micro-évolution, c'est-à-dire l'évolution des espèces et la macro-évolution, qui se rapporte à l'apparition des taxons supra-spécifiques : 1) Pendant les stases, l'évolution est lente, les modifications observées sur les fossiles ne sortent pas du cadre spécifique. Les mutations ponctuelles concernées affectent surtout les gènes de structure et favorisent les changements adaptatifs des espèces. La théorie darwinienne s'applique à ces périodes de micro-évolution. Les stases s'expliquent de deux façons : soit la sélection naturelle, stabilisante, favorise un type moyen ; soit les espèces restent inchangées par manque d'une variabilité génétique suffisante. 2) Pendant les ponctuations, l'évolution et la spéciation sont rapides. Les mutations probables des gènes de régulation permettent non seulement la diversification des espèces (radiations), mais aussi le passage de l'espèce à un taxon supérieur. 31 - Origine et conséquence des ponctuations Origine N. ELDREDGE et S. GOULD considèrent que les ponctuations se déroulent dans les populations périphériques d'effectif faible, aptes à subir la spéciation. Le modèle de la révolution génétique de Hampton CARSON leur convient. Ils font référence également à la macro-évolution de Richard GOLDSCHMIDT, car, selon eux, les ponctuations sont des périodes favorables au passage des taxons spécifiques vers les taxons supérieurs. Conséquence Lors d'une ponctuation, quand une espèce est sur le point d'être remplacée par une autre, il existe, dans la même lignée évolutive, des populations candidates à la succession. Chacune possède des adaptations particulières, distribuées au hasard, parfois sans utilité bien définie. Mais, si un changement de milieu se révèle plus favorable à l’un de ces types d'adaptation, la population possédant cette adaptation se développera, alors que les autres régresseront. En outre, si ce milieu est toujours avantageux au cours de ponctuations successives, la même adaptation persiste en s'accentuant. Alors, dans cette lignée, le paléontologiste observe une tendance évolutive qui n'a pas, comme le soulignent N. ELDREDGE et S. GOULD, obligatoirement une valeur adaptative. La tendance évolutive se manifeste d'un bout à l'autre de la lignée, même si chaque espèce, considérée isolément, ne la présente pas. C'est le cas, par exemple, de l'augmentation du cerveau dans la lignée humaine : chez Homo habilis, H. erectus ou H. sapiens. Les études du paléontologue Ian TATTERSALL montrent que la morphologie du crâne et le volume cérébral n'ont pratiquement pas changé entre les deux spécimens d'H. erectus du lac Turkana, datant de 1,5 Ma, dont les volumes sont de 850 et 1 100 cm3 et ceux des derniers représentants chinois de l'espèce, datant de 500 000 ans, dont les volumes oscillent entre 900 et 1 200 cm3 ; il s'agit certainement d'une stase évolutive. En revanche, les mesures attestent une très nette augmentation, quand on passe de H. habilis à H. erectus puis de H. erectus à H. sapiens. 32 - Observations et critiques Afin de faciliter les retours, elles suivront l'ordre chronologique de l'exposé. Étude de P. WILLIAMSON La principale critique concerne les variations qui seraient de simples variations écophénotypiques ; dans ce cas, seuls les phénotypes sont donc concernés, et pas du tout les génotypes. Une autre a trait aux contraintes du milieu, d'autant plus difficiles à prouver qu'il s'agit de documents paléontologiques. Ponctuation Le phénomène n'est pas original ; G. SIMPSON a déjà décrit une évolution « saltatoire ». Si la ponctuation est assimilée à une période de radiation, elle peut ne représenter que la partie visible d’un phénomène phylogénétique qui a débuté depuis bien longtemps (voir la section 1.3.1 : « Les explosions évolutives, discussion de la notion de radiation ») et qui se termine par une augmentation du rythme des adaptations. La ponctuation n’a pas d’existence à part entière. Stase La stase est théoriquement impossible ; les mutations, plus ou moins nombreuses, apparaissent toujours, même si elles n'affectent pas la morphologie, échappant ainsi aux recherches paléontologiques. La stase morphologique est possible si le milieu est stable ; la sélection est stabilisante. La vraie stase serait très souvent un danger pour l'espèce, car elle constituerait un obstacle à l'acquisition de toute adaptation. Mais cette critique est mal venue, car la stase n'est pas en contradiction avec l'idée d'une sélection stabilisante et une stabilité génétique n'implique pas une absence de potentiel de réponse à des variations du milieu extérieur. En utilisant le séquençage génique, divers travaux (voir la section 1.3.1) suggèrent que les remaniements génétiques à l’origine de l’évolution phylétique ont lieu pendant les stases, qui ne seraient donc plus des périodes d’inactivité évolutive. 33 Place de la sélection naturelle dans le ponctualisme La théorie des équilibres ponctués ne rejette pas la sélection naturelle, mais elle en minimise l’action et les effets : la sélection naturelle est surtout responsable de la variation intraspécifique, et elle peut également avoir une incidence sur la révolution génétique. Il n'y a aucune raison de supposer que la sélection naturelle soit un facteur tout à fait secondaire dans les équilibres ponctués. 1) L'action de la sélection naturelle, habituellement lente, s'accélère à la suite de brutales modifications climatiques, physiques et biologiques du milieu, consécutives, généralement, à des variations du niveau de la mer. 2) Si, pendant les stases, la sélection naturelle a un rôle minime, les mutations non sélectionnées doivent se multiplier, et les populations devenir alors très disparates, ce qui est incompatible avec la stabilité de l'espèce. Ponctuation et macro-évolution 1) Les deux auteurs prennent comme preuve de macro-évolution la brusque apparition de nouvelles espèces au cours des ponctuations. Or, ils ne parlent que de taxons de niveau spécifique ; la macro-évolution de R. GOLDSCHMIDT, qu'ils citent volontiers en exemple, conduit toujours à des taxons supérieurs à l'espèce ; celle de N. ELDREDGE et de S. GOULD est différente. 2) Le passage rapide d'une espèce à d'autres s'explique sans intervention de processus macro-évolutifs. À la suite d'une catastrophe écologique, une espèce « A » disparaît, mais seule subsiste une population marginale « B », qui a commencé à se différencier. L'aire de répartition de l'espèce souche libérée est envahie par la population « B », qui subit par exemple une révolution génétique. La série fossile de ces événements montrera la brusque différenciation d'une espèce « A » en espèce « B ». On peut imaginer également que si l'espèce « A » disparaît, la population « B » subsiste, demeure marginale et subit une spéciation. Puis, une population marginale de l'espèce « B » envahit le territoire vacant de l'espèce ancestrale, subit une révolution génétique pour donner l'espèce « C ». La série fossile montrera le brusque passage de l'espèce « A » à l'espèce « C ». Dans les deux cas, l'explication macroévolutive est fausse ; elle est et restera une hypothèse ; d'autres explications existent. 34 Cas des espèces jumelles et des individus conspécifiques différents N. ELDREDGE et S. GOULD ont raison de souligner que le concept morphologique de l'espèce est indépendant du concept biologique, et que l'isolement reproductif est soit antérieur, soit postérieur à l'établissement de différences morphologiques. Mais le modèle évolutif ponctualiste s'appuie uniquement sur des données fossiles ; par conséquent, il est impossible de parler du concept biologique et de l'isolement reproductif ; les espèces jumelles échappent à l'investigation, de même que les différents types morphologiques d'une espèce ne peuvent être reconnus comme tels. L'espèce paléontologique est donc tout à fait particulière et très différente de l'espèce biologique. À partir de fossiles, N. ELDREDGE et S. GOULD ne peuvent pas prouver que la spéciation et l'acquisition d'adaptations sont deux phénomènes distincts. Révolution génétique N. ELDREDGE et S. GOULD n'apportent aucune innovation en utilisant des concepts déjà définis. Ils semblent ignorer que les révolutions génétiques ne se traduisent pas obligatoirement, et même a priori, par des modifications morphologiques détectables par les outils paléontologiques : les modifications physiologiques échappent aux recherches paléontologiques. Vingt-cinq ans plus tard, le ponctualisme apparaît comme un modèle évolutionniste qui réunit un certain nombre d'idées déjà établies : évolution saltatoire, macro-évolution et révolution génétique, dont le mélange donne lieu à des interprétations sujettes à caution. On est loin du modèle révolutionnaire de 1972. La théorie de Motoo KIMURA, elle aussi, soulève des controverses et des attaques de la part des darwiniens. Elle n'est pas anti-darwinienne, bien qu'elle s'appuie sur des arguments qui ne laissent aucune place significative à la sélection naturelle. 4.3.2 - La théorie neutraliste de l'évolution moléculaire Le paradoxe du polymorphisme Les biologistes soupçonnaient le polymorphisme d'être fréquent sous la forme d’un cryptopolymorphisme. Or, avec la mise au point de l'électrophorèse, Richard LEWONTIN et J. HUBBY découvrent, en 1966, dans toutes les populations naturelles, une variabilité électrophorétique des protéines très élevée. Le 35 polymorphisme génétique impliqué devrait entraîner la disparition à court terme des populations concernées. L'apparition des allèles délétères est en effet plus fréquente que celle des allèles favorables ; cette situation est à l'origine d'une augmentation de la mortalité d'autant plus importante que les allèles délétères sont nombreux. Malgré tout, les populations naturelles supportent sans la moindre difficulté un tel taux de polymorphisme et un nombre important d'allèles défavorables. T. DOBZHANSKY considère que le polymorphisme est entretenu par la sélection naturelle qui privilégie l'état hétérozygote, en entraînant une plus forte mortalité des homozygotes : dans l'exemple de la sicklémie, l'hétérozygote (HbA/HbS) est favorisé par rapport à l'homozygote (HbS/HbS), le premier génotype offre une résistance à la malaria et le second est létal. Ce fardeau génétique est dit ségrégationnel, car il est lié à la ségrégation des allèles et non pas, comme chez H. MULLER, lié directement aux mutations (voir la section 4 4 3 : « Les races humaines, le fardeau génétique »). Malgré tout, cette contradiction demeure inadmissible pour de nombreux naturalistes et, en particulier, pour James CROW ET Motoo KIMURA (1924-1994), qui ont modélisé la notion du fardeau génétique mutationnel dans un article de 1963 : « The theory of genetic loads » (« La théorie du fardeau génétique », publié dans Proceed of the 11th International Congress of Genetics, 1963). La théorie neutraliste de l'évolution moléculaire de M. KIMURA (1924-1994) tente d'apporter une solution strictement interne à la génétique des populations. L'élaboration de la théorie neutraliste - Une solution au fardeau génétique : la neutralité des gènes Dans son article : « Neutralisme » (Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996, p. 3206), Michel GILLOIS souligne que l'hypothèse de la neutralité des gènes, exploitée par M. KIMURA, n'est pas nouvelle. Dans son Traité de génétique (1954), Ph. L'HÉRITIER avait analysé et discuté le rôle des gènes neutres dans l'évolution. Ce problème avait déjà été abordé dès 1946 par G. MALÉCOT, qui avait publié un article concernant les mutations à l'origine de nouveaux gènes ; il démontrait que ces mutations susceptibles d'augmenter le polymorphisme génétique doivent engendrer des gènes neutres, suivant une probabilité bien définie. L'hypothèse d'une évolution non darwinienne est proposée en 1968 et 1969 par M. KIMURA d'une part, et J. KING et Thomas JUKES d'autre part : les mutations donnent naissance à des gènes neutres, c'est-à-dire qui échappent à l'action de la sélection naturelle. En étudiant l'évolution moléculaire, M. KIMURA a tenté de confirmer 36 l'hypothèse du gène neutre par des travaux mathématiques. Il en a publié, en 1983, une synthèse dans The neutral theory of molecular evolution (« La Théorie neutraliste de l'évolution moléculaire ») : la neutralité des gènes est un phénomène fréquent, qui permet aux espèces de supporter un polymorphisme important sans qu'elles soient menacées d'extinction. Le gène neutre est un allèle issu d'une mutation qui ne modifie pas la fonction du gène originel ; ce gène équivalent ou presque équivalent échappe à l'action de la sélection naturelle, car sa valeur sélective ne varie pas ou presque pas. - Une notion dominante : le hasard À la suite de leurs recherches sur l'hémoglobine, entreprises de 1962 à 1965, Émile ZUCKERKANDL et Linus PAULING (1901-1994) ont montré que le taux de substitution des acides aminés, chez des protéines homologues, est élevé et quasi uniforme dans différente lignées (voir la section 2.2.2 : « L'horloge moléculaire ») ; ils arrivent également à la conclusion que la fixation des allèles mutés est un phénomène aléatoire. La présence d'un facteur aléatoire présidant à l'évolution moléculaire amène M. KIMURA à privilégier l'idée de l'action de la dérive génique fortuite. L'introduction du hasard dans l'évolution n'est pas pour lui une idée récente. Ancien élève et disciple de S. WRIGHT, il a étudié particulièrement les phénomènes stochastiques de la dérive génique fortuite, qui affectent les variations géniques des populations naturelles. Mais, très rapidement, des différences conceptuelles apparaissent entre M. KIMURA et S. WRIGHT. Le premier considère que la dérive génique fortuite affecte l'espèce entière, agit sur de grandes périodes géologiques, est à l'origine d'un processus majeur d'une évolution non sélective et affecte la structure primaire de l'ADN. Le second pense que la dérive génique fortuite concerne des populations locales d'effectif réduit, agit sur des périodes de temps assez courtes pour être perceptibles par l'Homme, permet d'expliquer les processus adaptatifs de l'évolution et affecte non seulement le génotype mais aussi le phénotype, unité évolutive qui est, en définitive, la cible de la sélection naturelle. En 1968, M. KIMURA arrive donc à la conclusion que la dérive génique fortuite est la principale responsable du polymorphisme moléculaire de l'ADN. 37 - Les propositions de la théorie De la théorie neutraliste découlent un certain nombre de propositions, dont les plus importantes sont résumées ci-dessous : - Les taux de substitution des nucléotides, des acides aminés sont assez réguliers pour définir une horloge moléculaire. - « Les molécules ou les parties de molécules contrôlant les fonctions les moins importantes évoluent plus vite que celles régissant les fonctions importantes. - Les substitutions qui sont les moins critiques pour la structure ou la fonction d'une molécule sont les plus fréquentes. - Les duplications géniques précèdent toujours l'émergence d'un gène codant pour une nouvelle fonction. » - L'élimination sélective des gènes mutants délétères et la fixation aléatoire des gènes mutants sélectivement neutres ou légèrement délétères apparaissent plus fréquemment dans l'évolution que la fixation de gènes mutants avantageux sous l'effet d'une sélection darwinienne positive », c'est-à-dire une sélection naturelle qui favorise la fixation d'une mutation (article « Neutralisme » de M. GILLOIS, Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996, p. 3209). La théorie neutraliste repose sur un édifice mathématique complexe exposé dans le même article de M. GILLOIS, auquel est renvoyé le lecteur désireux d'explications plus complètes. Chez certaines populations polymorphes, il est impossible d'établir avec certitude l'origine de ce polymorphisme et d'adopter soit une explication sélective soit une explication neutraliste. F. JOHNSON observe que les fréquences alléliques des populations de Drosophila ananassae des îles du Pacifique sont très semblables à l'intérieur d'un même archipel, mais différentes d'un archipel à l'autre. Selon la théorie neutraliste, la dérive génique fortuite rend compte des différences entre archipels, alors que les migrations réduisent les divergences génétiques à l'intérieur d'un archipel. Selon la théorie sélective classique, l'environnement assez homogène dans un archipel rend compte de la sélection des mêmes types d'allèles, mais les conditions du milieu deviennent assez différentes d'un archipel à l'autre pour provoquer le polymorphisme des populations d'archipels différents. Cet exemple prouverait que le neutralisme peut être incorporé dans une théorie moderne de l'évolution et que l'opposition théorie synthétique - théorie neutraliste serait dépassée. En conclusion, M. KIMURA considère que sa théorie neutraliste constitue une théorie de l'évolution à part entière et une alternative à la théorie synthétique. Seule, elle peut, en effet, rendre compte de la vitesse constante de l'évolution, de la plus 38 grande fréquence des substitutions les moins fondamentales pour la structure ou la fonction des molécules, de l'augmentation de la vitesse d'évolution des pseudogènes et des introns ; le premier terme concerne un gène non fonctionnel et le second une séquence génique non codante. Critiques de la théorie neutraliste Pour E. MAYR, le rejet de la sélection naturelle est une vision erronée de l'évolution, car les neutralistes persistent à vouloir faire des gènes l'unité évolutive. La théorie de la coadaptation de T. DOBZHANSKY apporte, dès 1950, une explication au maintien du polymorphisme dans les populations naturelles. Le paradoxe du fardeau génétique soulevé par H. MULLER (1950) est résolu. La théorie neutraliste n'est plus, comme le pensait M. KIMURA, la solution de ce paradoxe, mais reste seulement une éventualité. M. GILLOIS critique le modèle mathématique qui « possède des fondations fragiles » et souffre d'« une contradiction logique » (voir son article « Neutralisme ») et les conclusions biologiques de M. KIMURA : - La considération unique des séquences de nucléotides ou d'acides aminés réduit le champ d'investigation des recherches sur les phénomènes évolutifs. Le neutralisme exclut bien des disciplines : paléontologie, physiologie, anatomie, embryologie... qui fournissent des éléments informatifs spécifiques et indispensables à la compréhension de l'évolution. - Les interactions géniques sont ignorées ; or, elles se sont révélées de plus en plus importantes dans l'expression phénotypique des caractère complexes. - Le neutralisme oublie que la cible de la sélection naturelle n'est pas le gène mais le phénotype. Les mécanismes de résistance des molécules codées aux mutations sont contrôlés par des contraintes fonctionnelles, et donc par la sélection naturelle : les mutations de la séquence primaire de l'ADN (génotype) sont sans effets, tant que la structure tertiaire de la protéine (phénotype) correspondante n'est pas modifiée. Le neutralisme ne peut constituer une théorie de l'évolution biologique, puisque son objet échappe à toute sélection. - Le postulat affirmant que seules les régions non fonctionnelles des molécules évoluent rapidement, est faux. Au moment des radiations adaptatives, le rythme des mutations sélectionnées s'accélère, ainsi que le rappelle M. GILLOIS à propos de l'hémoglobine dans son article « Neutralisme » : cette macromolécule « a connu une accélération très forte mais brève au moment de la conquête terrestre par les Vertébrés. » Pour M. GILLOIS, la théorie neutraliste de l'évolution moléculaire est séduisante, mais elle souffre d'un trop grand nombre d'incertitudes aussi bien mathématiques que 39 biologiques ; la réalité des gènes neutres, en particulier, n'est pas démontrée bien qu'elle soit très probable. 4.3.3 La psychologie évolutionniste Née à la fin des années 1980 - début des années 1990, la psychologie évolutionniste ou PE (evolutionary psychology ou evopsy) s’intéresse uniquement à l’espèce humaine dont elle tente de comprendre certains comportements à la lumière du concept darwinien de la sélection naturelle. Quelles que soient la culture et l’époque historique, on peut, en effet, trouver des comportements communs à toute l’humanité (qui conduisent parfois à des excès ou à des aberrations) : recherche de nourriture, violence, aversion à perdre des ressources vitales, prise de risques, altruisme, xénophobie, sens de la propriété … Cette incursion d’une science humaine dans le domaine des sciences naturelles est justifiée dans la mesure où Darwin pensait que le corps comme l’esprit, le cerveau comme les facultés rationnelles ainsi que les instincts ont été sélectionnés. Ainsi, Darwin écrivait : « J’entrevois dans un avenir éloigné des routes ouvertes à des recherches encore bien plus importantes. La psychologie sera solidement établie sur la base, si bien indiquée par M. Herbert SPENCER, c’est-à-dire sur l’acquisition nécessairement graduelle de toutes les facultés et de toutes les aptitudes mentales, ce qui jettera une vive lumière sur l’origine de l’homme et sur son histoire. » (L’origine des espèces, p. 574, Maspero, Paris, 1980.) Darwin cite non seulement la psychologie, mais aussi, exceptionnellement l’Homme. Les fondateurs de cette nouvelle discipline sont les Américains Leda COSMIDES, John TOOBY et le Canadien Jerome BARKOW, respectivement professeurs de psychologie et d’anthropologie à l’université de Californie à Santa Barbara où ils dirigent également le Centre de Psychologie Évolutionniste et d’anthropologie sociale à l’université de Dalhousie à Halifax (Nelle Écosse). En 1992, ils ont écrit « The Adapted Mind : Evolutionary Psychology and the Generation of Culture. » (Oxford, Oxford University Press). En restant dans le domaine des Sciences Naturelles, les idées principales de la PE sont : 1- Le cerveau contient des modules sélectionnés aptes à résoudre des situations particulières. 2- Les comportements déterminés par ces modules sont communs à toute l’humanité passée et présente. 3- La vitesse d’évolution du cerveau humain est beaucoup plus lente que celle de la culture ou de la civilisation. Le cerveau d’aujourd’hui est encore adapté à un 40 environnement qui a depuis longtemps disparu. Certains comportements actuels sont inadaptés à notre culture, à notre milieu de vie moderne. 4- Le cerveau dont nous avons hérité est identique à celui de nos ancêtres préhistoriques chasseurs-cueilleurs. Selon David BUSS, professeur de PE à l’université du Texas, il est issu d’une sélection qui a commencé il y a 2 Ma avec l’apparition de l’Homme et s’est terminée il ya 10 000 ans avec la sédentarisation. 5- La détermination des caractéristiques du cerveau ancestral permet de mieux comprendre les comportements actuels. La psychologie évolutionniste principalement spéculative suscite les crtiques suivantes de la part des naturalistes : - La sélection naturelle ne peut s’appliquer à l’Homme sans précaution puisque ce dernier a progressivement substitué la sélection naturelle à sa propre sélection (voir l’effet réversif aux § 4.4.1 : Le darwinisme social et 4.4.3 : Darwin et l’Homme). - Le paléontologiste dispose de documents fossiles mais le psychologue n’en dispose d’aucun car ni le cerveau ni les comportements ne fossilisent. Les résultats non testables constituent une lacune majeure, car les Sciences Naturelles font partie des Sciences Expérimentales. - Le raisonnement a posteriori de la PE procède par extrapolation : un comportement actuel est hérité de nos ancêtres pour qui celui-ci était une réponse adaptative utile à leur survie dans un environnement disparu donc le cerveau ancestral possédait tel module, telle particularité. Si la théorie darwinienne a stimulé la recherche dans de nombreux domaines et permis ainsi d'éclaircir un certain nombre de problèmes, elle a également donné lieu à des interprétations tendancieuses et des abus qui sont abordés dans la section suivante. 41 Bibliographie de la section 4.3 Livres BLANC M. , Les Héritiers de Darwin, Paris, Seuil, 1990. BONIS (de) L. , L'Évolution dans sa réalité et ses diverses modalités, Paris, Masson, 1988. ELDREDGE N. , La Macroévolution dans La recherche en paléontologie, Paris, Seuil, Points Sciences n° 58, 1989. DELSOL M., L'Origine des espèces aujourd'hui l'espèce existe-t-elle ? L'impasse ponctualiste, Paris, Boubée, 1995. LAMOTTE M. , Théorie actuelle de l'évolution, Paris, Hachette, 1994. KIMURA M. , La Théorie neutraliste de l'évolution, Paris, Flammarion, 1990. MAYR E. , Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, Paris, Flammarion, 1989. RIDLEY M. , L'Évolution, Paris, Pour la Science, diffusion Belin, 1989. Articles BOULIGAND Y. , « Macroévolution » voir « Thompson d'Arcy », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. CARTON Y. , « Gradualisme phylétique », Dictionnaire du Darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. DELSOL M. , « Monstres prometteurs », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. DEVILLERS Ch. , « Évolution quantique », « Hasard en biologie », « Mayr », « Simpson », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. DEVILLERS Ch. et GUY Y. , « Hasard des mutations », Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, Paris, PUF, 1996. DREUIL D. , « Entre science et eugénisme : le fardeau génétique », Darwinisme et société (dir. P. TORT), Paris, PUF, 1992, « Dobzhansky T. », « Fardeau génétique », « Muller H. », « Néo-darwinisme », « Population », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. ELDREDGE N. , « La macroévolution », La Recherche, n° 133, mai 1982. GASSER F. , « Polymorphisme génétique dans les populations animales », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. GAYON J. , « Fisher R. », « Wright S. », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996 ; « Hasard et évolution », Pour La Science, dossier hors-série : L’Évolution, janvier 1997. 42 GÉNERMONT J. , « Génétique des populations », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. GILLOIS M. , « Malécot G. », « Neutralisme », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. GILLOIS M. et GÉNERMONT J. , « Épistasie », Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Paris, PUF, 1996. JOURNET N. : « La darwinisation de l’esprit humain », Sciences Humaines, n° 200, janvier 2009 KIMURA M. , « La théorie neutraliste de الموضوعالأصلي : الفرق بين Gradualisme و désiquilibre ponctuée // المصدر : ممنتديات جواهر ستار التعليمية //الكاتب: الرائعة
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