Les livres de poche pour la jeunesseLes livres de poche pour la jeunesse
Les livres pour enfants bon marché ont existé dès le XIXe siècle mais ce secteur éditorial se voit touché à la fin des années 1970 par le phénomène du livre de poche, une vingtaine d'années après le secteur adulte cependant, comme si le public enfantin (ou les parents ?) avaient jusqu'alors répugné à (s')offrir du petit roman jetable. Les Éditions de l'Amitié (Hatier) lancent en effet leur collection « Jeunesse poche » dès 1971 puis l'École des Loisirs ses « Renard Poche », collection où paraissent, à partir de 1976, Le voyage en ballon et Crin-Blanc d'Albert Lamorisse, des titres de Tomi Ungerer ou Arnold Lobel et des classiques (Robinson Crusoé de Daniel Defoe, L'homme à l'oreille cassée d'Edmond About, Le roman de la momie de Théophile Gautier, Gulliver / Voyage à Lilliput de Jonathan Swift, Quentin Durward de Walter Scott, Tartarin de Tarascon d'Alphonse Daudet...)
Mais le véritable coup de tonnerre dans le petit monde de l'édition enfantine est la parution du premier « Folio junior » en 1977, pour un public d'adolescents et pré-adolescents. Cette collection publie notamment les œuvres d'Henri Bosco, Roald Dahl, Claude Roy, Michel Tournier,Marcel Aymé etc. Désormais les enfants connaissent eux aussi le charme du livre dont les pages se décollent, les premières éditions de Folio junior étant particulièrement fragiles. Le succès de la collection incite Gallimard à lancer en 1980 des livres de poche illustrés en couleurs pour les 5-7 ans (« Folio Benjamin ») puis la collection « Folio Cadet » pour la tranche d'âge intermédiaire en 1983 Hachette suit le mouvement avec le « Livre de poche jeunesse » en 1979 Erich Kästner avec Emile et les détectives, Hans Peter Richter, José Mauro de Vasconcelos avec Mon bel oranger, Henriette Bichonnier avec Emilie et le crayon magique, Paul Berna, etc. Viennent ensuite, en 1980, le tour de Flammarion avec « Castor Poche » (et l'édition de Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach illustré par Gérard Franquin), et Casterman avec « L'Ami de poche ». Dans les années 1980, tous les grands éditeurs pour la jeunesse lancent leur collection de poche. Depuis les années 1990 la plupart des romans pour jeunes et adolescents ne connaissent pas d'autre édition que le livre de poche. Celui-ci cependant a tendance en ce début du XXIe siècle à grandir. Ainsi les poches de la collection Folio benjamin sont-ils réédités dans un format qui se rapproche de celui de l'album.
Ces dernières années, la frontière entre livres de poche et autres livres a tendance, en littérature de jeunesse, à se brouiller : certains éditeurs font paraître de courts romans pour des élèves de cours préparatoire (CP) ou des classes suivantes qui reprennent les personnages de certaines méthodes de lecture du CP (Ratus, Gafi, …). D'autres éditeurs font paraître en petits livres de poche des œuvres qui relèvent autant de l'album que du roman, c'est-à-dire qu'ils ont beaucoup d'illustrations et un texte souvent court (Le loup rouge de Friedrich Karl Waechter ou Du commerce de la souris d'Alain Serres par exemple). Enfin, alors que le livre de poche avait tendance à privilégier les romans, les recueils sont devenus très fréquents (recueils de textes courts comme Histoires pressées de Bernard Friot, recueils de textes poétiques, recueils de nouvelles policières comme Drôle de samedi soir de Claude Klotz, recueils de contes comme Contes d'un royaume perdu d'Erik L'Homme et François Place